Addendum
Énergie pure
«Le vol du dragon» 龍翔操 Longxiang cao
Vol paisible du dragon
Longxiang cao 龍翔操 par Liu Shaochun 劉少椿, 1956 (audio)
VOL MAGISTRAL DU DRAGON
Longxiang cao 龍翔操 par Zhang Ziqian 張子謙, 1962 (audio)
Vol contemplatif du dragon
Longxiang cao 龍翔操 par Chen Changlin 陳長林, 1962 (audio)
Envol irrésistible du dragon
Longxiang cao 龍翔操 par Tsar Teh-yun 蔡德允, fin des années 70 (audio)
La contribution de Wu Zhenping
Notice rédigée par Wu Zhenping 吴振平 le 9 janvier 1954, copiée par Cai laoshi
Envol irrésistible
Tsar Teh-yun 蔡德允 jouant Longxiang cao 龍翔操 en 1983 (video)
Énergie pure
«Le vol du dragon» 龍翔操 Longxiang cao
 Chef d’œuvre de l’école de Guangling
Chen Rong 陳容 (13e siècle), Neuf Dragons (détail)《九龍圖卷》
Un rythme vivant anime tout le morceau. Dans les endroits les plus denses, les notes doivent être aussi insaisissables et rapides qu’un «coursier au galop aperçu à travers la fente d’un mur». Dans les passages plus détendus et ouverts, la musique évolue avec l’aisance d’«un cheval céleste foulant le vide». Les traits rapides alternent avec des poses. La mélodie, toujours prête à rebondir, est portée par un seul souffle du début jusqu’à la fin.
Voici cette mélodie jouée par quatre de ses plus éminents interprètes, Liu Shaochun 劉少椿, Zhang Ziqian 張子謙, Chen Changlin 陳長林 et Tsar Teh-yun 蔡德允. Quatre versions différentes les unes des autres et pourtant toutes respectueuses de la partition, si tant est que, pour un tel morceau, on puisse parler de «partition». Ici, plus que jamais, le terme est abusif. Malgré une tentative de notation des hauteurs en marge de la tablature, les subtilités rythmiques ne sont pas notées. Elles trouvent leur source dans le chant du maître. Leur pouvoir évocateur dépend de l’imagination créatrice du musicien mais aussi d’une constante et inlassable remise sur le métier.
Vol paisible du dragon de Liu Shaochun · Longxiang cao 龍翔操 · 05:45
Liu Shaochun et Zhang Ziqian, tous deux élèves de Sun Shaotao (1879-1949), sont souvent considérés comme les véritables héritiers de l’école de Guangling. Ils proposent des interprétations assez semblables de cette œuvre pour ce qui est du fond, mais très différentes du point de vue du tempo.
Vol magistral du dragon de Zhang Ziqian · Longxiang cao 龍翔操 · 04:47
Dans cette mélodie, le tempo et la vivacité importent énormément. En 1954, une classe spéciale pour l’étude de cette pièce, la Longxiang xuexi ban 龍翔學習班, fut même ouverte à l’intention des membres de la société de qin de Shanghai pour permettre à ceux qui le désiraient de s’initier au style très particulier du maître. Dans cette tâche, Zhang Ziqian était épaulé par son fidèle ami Wu Zhenping,
Cette mélodie, Zhang Ziqian n’a cessé de la jouer tout au long de sa carrière. Elle lui valut le surnom de Zhang Longxiang, (Zhang Vol du dragon). Vers la fin de sa longue existence le musicien évoqua son expérience du morceau: «Pour moi, cette mélodie décrit le rêve de Zhuangzi devenu papillon. «Il se transforme avec l’univers, sa nature est celle du vide». Pour compléter l’image, il composa ce poème:
撫弦動操間
龍翔去無跡
仿佛有餘音
縈迴繞天際
La mélodie à peine jouée
Le dragon disparaît
Un vague écho tournoie encore
Là bas, à l’horizon
Vol contemplatif du dragon de Chen Changlin 陳長林 · 05:44
Ici, il faut entendre le caractère xiang 翔 du titre dans son sens original de «planer» («voler sans agiter les ailes», dit le dictionnaire chinois). Encore jeune, mais déjà en pleine possession de ses moyens, Chen Changlin eut le privilège, en 1954, de pouvoir étudier directement ce morceau auprès d’un Zhang Ziqian impressionné par le talent de son élève.
Envol irrésistible du dragon de Tsar Teh-yun 蔡德允 · 04:18
Mélodie enseignée par son maître, Shen Caonong, puis revue avec Zhang Ziqian lui-même à Shanghai en 1954, jouée ici par une musicienne âgée mais animée d’un souffle puissant. S’il est un morceau de qin qui, par ses accélérations soudaines et ses ellipses fluides, évoque les coups de pinceau du calligraphe dans l’écriture cursive, c’est bien ce Vol du dragon.
La contribution de Wu Zhenping (1907-1979 )
Notice rédigée par Wu Zhenping 吴振平 le 9 janvier 1954, copiée par Cai laoshi dans son recueil à la suite de la tablature du Vol du dragon.
Extrait d’une notice rédigée par Wu Zhenping 吴振平 le 9 janvier 1954, copiée par Cai laoshi dans son recueil à la suite de la tablature du Vol du dragon.
« … Zhang Ziqian a parfaitement assimilé le style de l’école de Guangling. Le rythme très libre de son Vol du dragon est tout à fait remarquable. Dans les passages les plus denses, ses notes sont aussi insaisissables que la silhouette d’un coursier au galop aperçu à travers la fente d’un mur. Dans les endroits plus détendus et ouverts, elles évoluent avec l’aisance d’un cheval céleste foulant le vide. Un souffle sans entrave anime le jeu de la première à la dernière note. À l’entendre, on est toujours frappé et plein d’admiration. Comme son doigté diffère parfois légèrement de celui qui figure dans les recueils de partitions du Ziyuantang et du Jiao’an qinpu, son ami, Peng Zhiqing, lui avait demandé de noter la mélodie directement telle qu’il la joue. Malheureusement, à l’époque, ce projet ne pu se réaliser.
Yang Xinlun, qui a une passion pour ce morceau, me dit maintenant qu’il souhaiterait en avoir la partition. J’ai donc commencé par me baser sur mon écoute régulière de cette pièce en la confrontant avec les versions des deux recueils anciens pour en réaliser une première ébauche. Le lendemain, j’invitai Zhang Ziqian à se rendre avec moi chez Wu Jinxiang où il nous joua le morceau à plusieurs reprises, puis je demandai à Wu Jinglue de vérifier une nouvelle fois la transcription. Cette mélodie qui fait alterner des passages apparemment libres avec des endroits plus mesurés, ressemble à un poème en prose. Il est impossible d’en rendre par écrit toutes les subtilités. La tentative présente ne peut servir que d’aide mémoire à qui voudrait apprendre la pièce. Elle ne saurait en aucun cas être considérée comme définitive.»
Zhang Ziqian 張子謙 jouant du qin.
Tsar Teh-yun 蔡德允 jouant Longxiang cao 龍翔操 en 1983
Ce morceau, la dernière des huit pièces enregistrées en janvier 1983 par Cai laoshi pour Madame Rulan Chao Pian, comporte certaines imperfections dues à la fatigue de la musicienne après une longue et éprouvante séance d’enregistrements (voir Addendum I, Ses main tels deux phénix). Il est l’unique témoignage visuel que nous possédions du jeu inimitable de Cai laoshi dans le Vol du dragon.